Peut-on « faire de la sophrologie » avec un enfant de moins de six ans ? Non, pas dans sa forme originelle, c’est pourquoi j’ai suivi une spécialisation pour l’accompagnement des enfants (et des adolescents) en sophrologie. En effet la sophrologie telle qu’elle a été développée, c’est à dire pour une personne adulte, a pour objectif d’élargir la conscience de soi à travers la reconnexion aux sensations du corps, or, la conscience ne se développe qu’autour de cinq ans (avec autant de différences qu’il y a d’enfants).
Chez l’adulte, la prise de conscience des sensations et des perceptions est une reconquête, puisque le mental s’est tellement développé qu’il a souvent pris l’habitude d’ignorer notre intelligence instinctive (gérée par une autre partie de notre cerveau), qui, elle, traite très rapidement et très efficacement les signaux sensoriels venant de notre corps, de la lumière à la chaleur en passant par nos réactions émotionnels. Bref, nous ne prêtons plus attention aux voyants sur le tableau de bord qui pourtant nous donnent des informations essentielles pour faire les bons choix. La pratique de la sophrologie propose de potentialiser notre capacité d’adaptation en réapprenant à équilibrer de façon harmonieuses ces deux aspects de notre intelligence (« avec un regard égal pour tout »).
Chez l’enfant, c’est le chemin inverse qui se construit ! Lui, il a une lecture très vive et immersive de toutes ses sensations corporelles, mais il n’a pas encore la capacité de les interpréter correctement, et plus il est petit, et plus cela est vrai.
Il lui faut apprendre à réguler et moduler ses réactions aux stimuli extérieurs, et aux signaux de son propre corps. Ce n’est que vers six ans qu’il commence à pouvoir adapter efficacement ses comportement et réguler ses émotions.
Alors que réapprendre à nous mettre à l’écoute de l’intelligence de notre corps est beaucoup plus facile pour nous si nous sommes en état de relaxation profonde (sophroliminal), l’enfant a un accès immédiat à ses sensations et n’a pas besoin de cette étape. Le travail du sophrologue sera alors de lui proposer des expériences en rapport avec sa problématique, et de l’accompagner sans rien interpréter pour lui permettre non pas de retrouver, mais de construire, d’acquérir la conscience de ses ressentis.
Le respect des principes et des lois de la sophrologie assure au sophrologue un cadre structuré et éprouvé dans lequel il peut – et doit, l’un de ces principes étant l’adaptabilité – faire preuve de créativité en s’appuyant sur ses savoir-faire et savoir-être. C’est pourquoi chaque séance de sophrologie sera toujours unique et conçue sur mesure pour pouvoir établir l’alliance thérapeutique, quel que soit l’âge du patient.
Pour ma part, cette posture et ce cadre coïncident presque parfaitement avec ceux de l’éducatrice Montessorienne que je suis. Les apports psycho-moteurs et sensoriels de la pratique musicale que je propose aux enfants depuis vingt ans nourrissent la découverte du schéma corporel en tant que réalité vécue, autre principe de la sophrologie qui coïncide parfaitement avec les objectifs de la méthode musicale Jaëll-Montessori. C’est la richesse du mariage entre la sophrologie et la musique, qui crée cet hybride, la Sophro-musique, si adaptée à l’enfant et à son développement.
Si vous souhaitez en savoir plus sur l’éveil de la conscience chez l’enfant, je vous conseille le livre de Philippe Presles, « L’envol de la conscience », éd. Robert Laffont